Demandez à n’importe quelle personne qui fait du mentorat quelle a été leur expérience, et elles vous diront toutes qu’elles ont été extrêmement chanceuses d’avoir été jumelées avec l’enfant qu’elles mentorent. Cependant, ne suis pas certain que mon Petit Frère se trouvait chanceux la première fois qu’il est entré dans ma voiture.
C’était une Mazda 323 de 1989, figurez-vous. Elle n’avait qu’un an à l’époque, mais il y avait un trou énorme où la radio et le climatiseur (pouvant apporter idéalement de l’air frais dans la voiture) auraient dû se trouver. Je m’imagine l’enfant complètement abasourdi en train de se dire « le bureau des Grands Frères aurait dû inspecter les bagnoles de ses membres avant les jumelages ».
Mon appartement n’était pas non plus l’endroit idéal pour recevoir des invités, alors Matt a sûrement été déçu. Tout d’abord, je ne possédais pas de télévision, alors les jeux vidéos n’étaient pas une option envisageable. De plus, à 21 ans, mes compétences culinaires étaient particulièrement limitées. Mais, heureusement pour lui, mes parents vivaient à seulement 45 minutes de chez moi, alors on pouvait s’en sortir.
Je venais tout juste de déménager à Woodstock, en Ontario, pour mon premier emploi, et je ne connaissais que deux personnes ici. Bref, mon cercle social n’était pas particulièrement glorieux non plus.
Woodstock est une petite ville pleine de charme, mais les choix d’activités sont plutôt restreints. Le cinéma local était si délabré que la pluie tombait sur nos têtes, même à l’intérieur. C’était une immersion incroyable pendant les scènes où les personnages devaient traverser une tempête, mais autrement, ce n’était pas l’idéal. Il fallait se rappeler où s’asseoir pour ne pas finir trempé à la fin du film.
En ce qui concerne mes passe-temps et mes champs d’intérêt, mes goûts en matière de musique ne correspondaient pas à ceux des adolescents typiques. Une fois, j’avais invité Matt à un spectacle de Gordon Lightfood au Massey Hall, dans le centre-ville de Toronto. Laissez-moi vous dire qu’à cette époque, Lightfoot n’était pas considéré comme « cool ». Je me demande ce qu’il a bien pu dire à ses copains, le lundi matin. Peut-être qu’il avait été exposé à 90 minutes de musique folk pour mononcle, ou quelque chose du genre.
Par contre, je pense bien que Matt a pu en tirer beaucoup de choses aussi. L’équipe des Grands Frères Grandes Sœurs a organisé plusieurs activités pour nous que j’ai grandement appréciées. Je me rappelle le sourire qu’il essayait de cacher lorsqu’il est entré dans ma voiture. Nos sorties étaient toujours géniales. Je pouvais le faire rire. J’adorais relever le défi d’être un mentor.
Après près de quatre années passées avec Matt dans le comté d’Oxford, je me rappelle être absolument dévasté à l’idée de lui annoncer que je devais déménager à Toronto. Au cours de tout ce temps, il était devenu plus grand que moi. Il était rendu un jeune homme au sourire inoubliable et plein de joie. Je chérirai toujours les souvenirs des moments que nous avons passés ensemble. J’espère juste qu’il m’aura pardonné pour ma voiture.
Soumis par Michael Browman, ancien Grand Frère